L'Eglise aux 41 clochers - 100 ans de vie commune
dut supporter pendant le Kulturkampf. Aujourd'hui encore on en parle. Mais nous oublions que l'Eglise catholique n'a pas été la seule à souffrir et surtout à être visée par l'ex trémisme de la «vague radicale» du milieu du XIXe siècle. Si l'affrontement a été moins brutal avec l'Eglise réformée, il n'en a pas été moins dangereux pour elle. La loi de 1874 a été imposée à l'Eglise par le Grand Conseil et par une votation populaire. Cette loi a régi l'Eglise pendant 70 ans. Trois traits essentiels la caractérisent. 1) Comme la loi précédente, elle met en évi dence la séparation des domaines où l'Etat et l'Eglise sont compétents. Le directeur des cultes, W. Teuscher, dans son intervention du 27 mai 1873 au Grand Conseil, déclarait: «Il est incompatible avec l'esprit de notre époque que l'Etat se mêle des affaires intérieures de l'Eglise et prescrive ce que l'ecclésiastique a à faire en ce qui touche la cure d'âme», et d'ajouter: «L'Etat n'est pas un Etat de droit seulement, il est aussi un Etat de progrès, et, comme tel, il doit favoriser et soutenir tout ce qui se meut et qui a droit d'existence dans ce domaine. Il a le devoir de concourir à l'avancement de la moralité de l'école, des arts et des sciences. Pourquoi ne prendrait-il pas la même mis sion envers la religion, les associations religieuses», (Bulletin du Grand Conseil, année 1873, pp. 205-206). 2) La loi de 1874 a déplacé le centre de gravité de l'Eglise. Jusqu'en 1874 les paroisses étaient liées les unes aux autres comme les membres d'un corps. La loi de 1874 fait des paroisses de petites démocraties souveraines, responsables de leurs propres activités. L'Eglise n'est plus qu'une fédéra tion de paroisses. Cette nouvelle orientation est confirmée par l'interven tion du directeur des cultes. «L'Etat ne reconnaît en première ligne que les corporations religieuses, que les paroisses. Il ne reconnaît et ne tolère les annexions de paroisses aux Eglises générales pour autant qu'elles ne se met tent pas en opposition avec la loi d'Etat» (BGC, 1873, p. 206). Le député au Grand Conseil, de Tavel, a fait remarquer au directeur des cultes qu'il avait purement et simplement ignoré les voeux présentés par le synode ecclésiastique. Le conseiller d'Etat a alors répondu: «Je com mencerai par où a fini M. le préopinant: il veut revendiquer à la compé tence du synode cantonal certains objets et sauvegarder les droits constitu tionnels de ce dernier. Soit, je ne m'y oppose pas ... Si nous n'avions pas les mains liées par la constitution, je ne voudrais, pour ma part, plus rien savoir du tout du synode cantonal» (BCG, p. 292). --- Madretsch 9
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