L'Eglise aux 41 clochers - 100 ans de vie commune

pouvaient continuer à exister, mais sans réfé­ rence au synode officiel. Jusqu'en 1927 les synodes d'arrondissement et en particulier celui du Jura, ont grandi un peu comme des sauvageons. Les conditions imposées à l'Eglise par la loi de 1874 ne font que souli­ gner le mérite de ceux qui, en 1887, ont fait renaître le synode officieux de l'arrondisse­ ment jurassien. Ils ont donné à l'Eglise juras­ sienne l'instrument qui lui a permis de sau­ vegarder son identité et sa vie propre. Par la loi de 1874, l'Etat effaçait entre lui et la paroisse ces relais que sont le synode d'arron­ dissement et le synode cantonal. L'autorité du synode cantonal était paralysée par le droit de veto (art. 47) que la loi donnait aux paroisses et par l'obligation de soumettre les décisions du synode au «placet» de l'Etat. La liberté que la loi donnait à l'Eglise était une liberté surveillée. L'Eglise était placée sous l'autorité du département de justice et police. Avant la promulgation de cette loi, la société pastorale jurassienne, fondée en 1840, s'était jointe à la société pastorale bernoise pour défendre l'indépendance de l'Eglise. Le pouvoir politique n'a pas tenu compte des remarques faites par les pas­ teurs. Il voulait paralyser l'action de l'Eglise. Mais au lieu de s'endormir, l'Eglise s'est réveillée. Finalement cette loi a eu un heureux effet dans nos vallées. La vie de l'Eglise et son rayonnement sont devenus l'affaire des paroissiens. En 1874, les responsables de l'Eglise jurassienne étaient inquiets et leur inquiétude était fondée. L'autonomie des paroisses aurait pu facilement dégénérer en un congrégationalisme outrancier. Rien en effet ne prédispo­ sait les paroisses jurassiennes à rester unies: les liens historiques entre les différentes régions, divisées jadis en classes et en Eglises, n'existaient pas; les pasteurs venaient d'horizons ecclésiastiques très différents. Certains arrivaient des vallées du Piémont, d'autres de l'Eglise luthérienne du Pays de Montbéliard, et les pasteurs venus des Eglises romandes élargissaient encore plus la gamme des différences. A cette diversité s'ajoutait le fait que l'Eglise jurassienne était une minorité linguistique dans l'Eglise bernoise. Elle avait à défendre une personnalité qu'elle avait trouvée au travers de sa diversité et des régimes politiques successifs. Il fallait donc sauver à la fois l'unité de l'Eglise jurassienne et son identité. Pour résister à la corrosion de l'individualisme des pasteurs et des paroisses d'une part, et pour éviter de disparaître dans la grande Eglise bernoise d'autre part, le rétablissement du synode jurassien était une nécessité. 1 1 1 Boujean 11

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