L'Eglise aux 41 clochers - 100 ans de vie commune

3) La loi de 1874 a démocratisé la nomination des députés au synode cantonal. Les parois­ ses furent groupées en cercles électoraux pour l'élection des députés. L'élection au premier degré remplaça celle au second degré. La loi vidait les synodes d'arrondissement de leur substance. Ils n'étaient plus ce rouage néces­ saire entre le synode cantonal et la paroisse. Si le synode cantonal le jugeait bon, il pou­ vait autoriser la création de synodes d'arron­ dissement officieux (art. 45). Il a fallu atten­ dre le 6 décembre 1927 pour que le synode cantonal adopte un règlement concernant l'organisation des synodes d'arrondissement. Ce règlement ressemble comme un frère jumeau au réglement adopté par le synode officieux du Jura en 1887. La loi de 1874 a certainement sauvé l'unité de l'Eglise bernoise. En laissant à chaque pa­ roisse le soin de nommer un pasteur selon les tendances théologiques de la majorité et en permettant aux parents de con­ fier l'instruction religieuse des catéchumènes au pasteur de leur choix, l'Eglise nationale n'a pas connu, à côté d'elle, une Eglise indépendante ou une Eglise libre. Malgré l'affaiblissement d'autorité que la loi imposait au synode, le pasteur Fayot reconnaissait lors du premier synode officieux jurassien, que «la loi de 1874 a été pour les communautés religieuses comme le signal de l'émancipation. Elle n'abolissait certainement pas les antiques confessions de foi qui présidèrent à la croissance de l'Eglise ber­ noise et pendant plus de trois siècles planèrent sur ses destinées.» Mais la loi de 1874 a eu cependant des retombées malheureuses sur la vie de l'Eglise. Elle a d'abord favorisé l'autoritarisme des pasteurs. Le Con­ seil synodal n'avait plus d'autorité. Il ne pouvait plus intervenir ni impo­ ser sa volonté quand il aurait fallu prendre des décisions importantes. Les pasteurs pouvaient agir dans leurs paroisses comme de petits potentats, sans tenir compte des décisions des synodes et des recommandations du conseil synodal. Chaque paroisse se préoccupait plus de ses petites affai­ res locales que de ce qui concernait l'intérêt général de l'Eglise. La décen­ tralisation de l'Eglise a favorisé l'esprit de clocher et l'indiscipline du corps pastoral. Aussi n'est-il pas étonnant que les liens entre les autorités synodales et les paroisses aient été des plus fragiles. Les circulaires du Conseil synodal et du synode laissaient les paroisses indifférentes; sou­ vent elles n'étaient même pas lues. La seconde retombée malheureuse de la loi de 1874 a été le détachement des synodes d'arrondissement de la structure ecclésiastique officielle. Ils Mâche 10

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